Rencontre avec l’écrivain marocain francophone Abdellah Baïda

 

Rendez-vous avec la littérature
Le 26 mai 2023, s’est déroulée par webinaire la rencontre avec l’écrivain marocain francophone M. Abdellah Baïda en présence des élèves,
étudiants et enseignants.
Etaient présents M. Abdellah Baïda, Mme Stéphanie Risk , Attachée d’administration et de gestion à la Représentation de l’OIF pour le Moyen-Orient, Mme Sophie Nicolaïdès Salloum, Présidente de l’ALEF, les membres du Bureau Central, Mme Ilham Slim-hoteitMaha Husseini, Joséphine Akl, Faten Khaled Kobrosli, Nada Sleiman- Mahdi, Ghiwa Ghanem, Mme Leila Sayed,Mme Carole Khanso el Ghouri, M. Habib Zorkot, les professeurs qui ont encadré les travaux des élèves et des étudiants et Pre. Badia Mazboudi .
Tout d’abord, Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum a prononcé un discours de bienvenue :
« Cette rencontre littéraire clôt une année riche en activités culturelles pluridisciplinaires : lecture, écriture poétique, musique, nous ont permis d’échapper pour un temps aux soucis qui nous accablent. Grâce à vous, chers participants, nous avons vécu des moments hors du temps, voyagé hors du monde, entendu vos souhaits, votre amour pour votre pays, votre espoir dans un avenir meilleur.
Tout ceci a été possible sous la direction bienveillante de vos professeurs que je remercie d’avoir encadré vos travaux.
Au cours de cette rencontre littéraire, nous découvrirons, encore une fois, plusieurs talents : la traduction, le dessin, l’écriture poétique et romanesque.
Au nom de l’ALEF, je félicite mes collègues qui, intéressés par l’œuvre de M. Baïda, ont dirigé les productions de leurs apprenants : d’abord, les membres du Bureau central de l’ALEF : Mesdames Carole Ghoury professeur au Greenfield College, Leyla Sayed professeur à Al Massar international College, Faten Kobrosly, professeur à l’Université libanaise Section V, ; ensuite, Mme Hanane Abounasserdine, professeur à l’Université libanaise Section I, membre de l’ALEF, Mme Lama Farhat, professeur à l’Université islamique, Mme Noha Nemr, Professeur à l’UL section I, enfin, Mme Roula Zoubien, chef du département de Langue et littérature française à l’Université Libanaise – section I
J’adresse aussi mes remerciements à M. Habib Zorkot, notre webmestre chargé du numérique et Mme Ilham Slim-Hoteit, notre Secrétaire générale qui a suivi de près la réalisation de cette rencontre littéraire.
Notre équipe dynamique et soudée, œuvre sans relâche à la promotion du français et de la francophonie, preuve en est la présence de M. Baïda, écrivain marocain francophone que je remercie d’avoir accepté notre invitation.
Enfin, j’adresse ma reconnaissance à l’Ambassade de France pour le soutien moral et financier qui a contribué à la réalisation de ce projet».
Mme Ilham Slim-Hoteit a pris ensuite la parole :
« Nous avons l’honneur et le plaisir d’accueillir aujourd’hui l’écrivain marocain francophone notre ami de longue date M. Abdellah Baïda
Monsieur Adellah Baida vous êtes écrivain, critique littéraire, essayiste, et nouvelliste. Vous êtes agrégé de lettres et titulaire d’un doctorat en littérature et culture maghrébines, francophones et comparées. Vous êtes enseignant-chercheur à l’Université Mohamad V de Rabbat. Vous avez publié divers travaux portant sur plusieurs aspects des littératures de langue française notamment vous avez publié « Les Voix de Khaïr-Eddine » (éd. Bouregreg, 2007), comme vous avez dirigé l’ouvrage « Mohamed Leftah ou le bonheur des mots » (éd. Tarik, 2009). En 2011, vous avez publié « Au Fil des livres, chroniques de littérature marocaine de langue française ».
Parmi vos romans: Le Dernier salto (2014) a été nominé au prestigieux « Prix Grand Atlas 2014 », Nom d’un chien (2016) et Testament d’un livre (2018). Les djellabas vertes se suicident (2020) et L’irrésistible appel de Mozart (2022).
Vous publiez régulièrement dans la presse des chroniques portant sur les nouveautés littéraires. Vous publiez régulièrement dans la presse des chroniques portant sur les nouveautés littéraires.
J’aime préciser que pour cette rencontre l’ALEF a choisi deux ouvrages de M. Abdellah Baïda Testament d’un livre et l’Irrésistible appel de Mozart qui ont fait l’objet des productions des étudiantes et élèves ».
Mme Ghiwa Ghanem , la maitresse de cérémonie , a ensuite donné la parole à M.Baïda.
Son intervention a pour titre « grandir par la lecture» :
« Le mot lecture lui-même est riche de sens et de vocations.
Le mot lecture désigne à la fois l’acte de lire, c’est aussi le fait de lire à haute voix et on dit également ma lecture du jour, c’est le livre que je suis en train de lire.
On peut dire également faire une lecture d’un texte c’est l’analyser : on a un mot polysémique très riche de sens. La lecture est un mot composé de sept lettres, est-ce un hasard ? Le chiffre sept est le chiffre sacré dans la plupart des religions, c’est un chiffre de bonne augure, c’est un signe de porte bonheur.
Considérons les sept lettres comme une page, nous allons les feuilleter et voir ce qu’il y a derrière : la première lettre « L » est déjà pleine de bonnes résonnances.
Pour cette lettre j’ai choisi le mot liberté :la lecture pour moi est le vaste champ de toutes les libertés. En lisant nous choisissons en toute liberté le livre à lire, la langue de la lecture, le volume du livre…c’est en étant libres que nous grandissons. c’ est en étant libres que nous avançons
La lettre E c’est « exploration » la deuxième lettre E est une voyelle emblème du féminin dans la langue française. Faire correspondre à cette lettre en rapport avec notre sujet le mot « exploration » car la lecture est une exploration des mondes les plus vastes aussi bien les lieux qui sont réels que ceux imaginaires. C’est à travers les livres que nous sommes invités dans les univers les plus intimes, les plus secrets parfois. La lecture explore et les paysages et les mentalités.
Cette exploration débouche sur un terme la culture. La culture nous fait découvrir la troisième lettre « C » la culture… »
Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt M. Abdellah Baïda dans son décodage, impressionnant et très profond du mot lecture (L : liberté, E : exploration, C: culture, T : transmission, U : Univers, R : rêve, E : écriture).
M. Habib Zorkot a exposé les productions des étudiants et élèves :
1. El Massar International College, sous la direction de Mme Leila El Sayed Hussein « Une première de couverture »
2. Greenfield College, sous la direction de Mme Carole Khanso El Ghouri
– Serena Alaeddine, « Interdisciplinarité : scriptural et pictural »
– Lana Shamas, « Traduction d’un texte du Testament d’un livre »
– Mélissa Safa, « Traduction d’un texte du Testament d’un livre »
– Mira Zaaiter, « Traduction d’un texte du Testament d’un livre »
3. Université Libanaise – Faculté des Lettres – Section I,
Sous la direction de Mme Noha Nemer
– Hala Anouti, Lyne Kazan, Ghina Abou Yehya, « Imaginer une autre fin à l’intrigue du Testament d’un livre d’Abdellah Baïda »
 Sous la direction de Mme Hanan Bou Nasser Eddine, deuxième année de licence
– Zeinab Rachid, « Recréation de soi »
– Mira Jabr, « Le violon enchanteur : Portrait poétique du musicien libanais Jihad Akl »
4. Université Islamique du Liban, Faculté des Lettres,
Sous la direction de Mme Lama Farhat
– Nour Kiwan, « Confession d’une alliance »
5. Université Libanaise, Faculté des Lettres – Section V,
Sous la direction de Mme Faten Kobrosli
– Zeina Arnaout, « Le livre d’Histoire fait son testament »
– Guina Breidi, « Beyrouth fait son testament »
– Soumaya Saad, « Le métier de droit fait son testament »
6. Université Libanaise, Faculté des Lettres – Section I
Sous la direction de Mme Roula Zoubiane
« Clés pour une lecture multidisciplinaire de L’irrésistible appel de Mozart d’Abdellah Baïda »
– Oumayma Malki – Master I – Recherche / Parcours littéraire, « Une lecture socio-psychologique de L’irrésistible appel de Mozart ».
– Rim Nasser – Master I – Recherche / Parcours littéraire, « Une lecture de l’imaginaire dans L’irrésistible appel de Mozart ».
– Reine Sabra – Master II – Recherche / Parcours littéraire, « Une lecture philosophique de L’irrésistible appel de Mozart ».
Le débat fut très intéressant : quelques questions /réponses
Mme Maha Husseini : La littérature maghrébine se caractérise jusqu’aujourd’hui par une dimension sociale, l’écrivain est souvent un porte -parole de la société. M. Baϊda, vous démarquez-vous délibérément de cette tendance ?
 » Eh oui, je ne suis porte – parole de personne, je suis à peine mon porte -parole ! Quand on analyse des textes, il faut parfois relier la littérature à son contexte. Dans le roman marocain des années 70 et 80, le pays venait de sortir de l’époque coloniale. Les écrivains voulaient réhabiliter la culture locale. Le fait que la majorité des citoyens étaient analphabètes, il y avait une élite d’écrivains qui se rassemblaient autour d’une mission, c’est de réhabiliter cette culture. Pour eux, c’e
st écrire au nom des autres, à la place des autres. Ainsi dans leurs œuvres, ils touchaient à tous les aspects de la société. Actuellement les choses ont changé. Je ne considère pas que l’écrivain doit être le porte- parole de la société…Chacun de mes romans cible un petit problème, une petite question et développe le récit autour de ce thème »..
Mme Maha Husseini : dans votre roman l’irrésistible appel de Mozart, vous écrivez sur la musique, vous racontez la musique qui est sujet de l’œuvre. Pourriez – vous nous esquisser ce dialogue entre l’écriture et l’art ainsi que la genèse romanesque de l’œuvre en termes de narration et de thématique ?
– « J’ai voulu faire entendre une certaine musicalité à travers la littérature. Dans L’irrésistible appel de Mozart, L’écriture se conjugue avec la musique, elle devient sujet du roman. Effectivement, il y a cette interprétation qui m’a toujours travaillé, faire dialoguer les différents arts (peinture, musique, cinéma …). Chacun a ses codes, chaque art présente des moyens permettant de développer des sentiments, des sensations, des idées… Dans l’irrésistible appel de Mozart, j’ai essayé d’écouter la musicalité des mots, pour que la musique des mots fasse écho et crée le rythme du récit. Chaque moyen artistique a sa spécificité. Un tableau est un peu l’équivalent d’un roman, mais on le reҫoit d’un seul coup. Le roman n’a pas cette force de réception globale. Il se construit petit à petit. Beaucoup d’écrivains regrettent que leurs romans ne puissent pas être perçus d’un seul coup ! « 
Mme Lama Farhat : Vous avez défini la lecture au début de cette rencontre à la lumière de plusieurs notions dont la liberté. Certes, la lecture est l’une des voies vers la liberté et la connaissance, et il est indubitable qu’elle stimule les processus cognitifs des individus. Mais elle est en même temps source d’informations et d’influences. Dans quelles mesures pensez-vous que l’écrivain peut, à travers ses propres idées ou idéaux, orienter la perception du lecteur et changer par la suite ses convictions et croyances ? Ne serait-ce, d’une manière ou d’une autre, une entrave à liberté de pensées et de positions ?
– » l’écrivain a certainement plein d’idées à transmettre, mais son rôle n’est pas de changer les perceptions, mais plutôt de les bouleverser et de créer par la suite une sorte de réflexion chez le lecteur qui le pousse à questionner les normes et la société, car, à vrai dire, rien n’est stable et tout doit être remis en cause ».
Ilham Slim-Hoteit
SG de l’ Alef Liban

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